"A la différence des ouvrages d'art qui se conçoivent en lien étroit avec les ingénieurs, les passerelles permettent des modes d'expression plus architecturaux. Aguerri aux préoccupations d'intégration, l'architecte fait facilement preuve d'une créativité exacerbée par un site paysager de qualité, que ce dernier soit "sensible", "à préserver", ou créé de toutes pièces pour restaurer la biodiversité. Pour les passerelles, la géométrie qui découle du choix structurel ne prime pas toujours l'effet spatial ordonné par le plan, la coupe transversale ou même l'élévation longitudinale. Les ossatures privilégient clairement le bois et l'acier, ou le béton pour les culées, les pilotis et parfois le tablier. Équivalent à une façade dématérialisée à l'extrême, le dessin du garde-corps engendre souvent une modénature singulière. À la ligne tendue des câbles qui s'étirent entre les montants, les architectes opposent des matérialités inattendues : lames de bois, feuilles d'acier, Ductal. Il en émane un cinétisme indéniable quand le parement s'affranchit de la ligne droite qui serait tracée au plus court entre les deux rives d'un espace naturel à franchir."
Au sommaire du dossier :
. Ondulations de lames d’aluminium dans un parc lacustre, Sydney (Australie), Sam Crawford
. Corridor de bois au cœur d’une forêt, Maasmechelen (Belgique), Maat-ontwerpers et Bart Lens
. Arcs et haubans métalliques sur presqu’île fluviale, Salem (Etats-Unis), Jiri Strasky
. Cheminement en bois et maille inox dans la forêt alpine, Laax (Suisse), Hofmann & Durisch
. Demi-arches clavetées et tablier d’ardoises pour ruines médiévales, Tintagel (Angleterre), Ney & Partners et William Matthews